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les tribulations de notre famille
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30 juillet 2009

Mickael Jackson

Un article interessant sur la Star

Michael Jackson, peau noire et masque blanc
   

Quelques semaines après l’hommage mondial et uniforme rendu à Michael Jackson, est-il permis de faire entendre une voix discordante ? La vérité, c’est que ce grand artiste et ce grand musicien, qu’on présente parfois comme le champion du métissage et de l’humanisme transgenre, avait tout bonnement trahi notre cause, à nous, les Noirs. Selon la formule de Franz Fanon, cet homme à peau noire avait mis un masque blanc.

Michael Jackson était à l’origine un Noir bien dans sa peau de Noir, visage agréable et talent consommé, un Afro-Américain au sourire éclatant et à la coupe de cheveux exubérante et joyeuse, fort de sa réussite et de son talent. Une étrange et incompréhensible haine de soi l’a transformé en zombie, caricature de caucasien défiguré par ces incessantes et grotesques interventions chirurgicales. En se blanchissant la peau, en s’affinant le nez, en changeant la texture de ses cheveux, il n’a pas créé une forme nouvelle d’humanité postmoderne, il a tout bêtement renié sa culture, proclamé à la face du monde qu’il en avait honte et rejeté avec une rare violence - une violence qu’il exerçait contre lui-même - le slogan de l’émancipation noire : «Black is beautiful». Pour Michael Jackson, Black is ugly. Son comportement, loin d’ouvrir les portes de l’avenir, nous ramenait soudain à une période antérieure aux sixties et aux conquêtes historiques du mouvement des droits civiques, quand le peuple noir méprisé et asservi avait intériorisé sa propre soumission en vivant en permanence sous la férule acceptée d’un complexe d’infériorité pathologique.

Troublante cécité historique. Michael Jackson a renié sa race alors que celle-ci commençait justement à secouer les chaînes d’une discrimination multiséculaire. Les Noirs comptent aujourd’hui parmi eux le président de la première puissance mondiale (Barack Obama), la plus connue des personnalités de la télé américaine (Oprah Winfrey), le meilleur des golfeurs au monde (Tiger Woods), deux des meilleures joueuses de tennis (Serena et Venus Williams), la jeune star britannique de la Formule 1 (Lewis Hamilton), l’homme le plus rapide de la planète (Usain Bolt) et le mieux payé des acteurs de Hollywood (Will Smith). Tous sont noirs et fiers de l’être. Michael Jackson n’était plus noir et pourtant il avait encore honte de l’être un peu.

Cécité historique encore. Il n’a pas compris que son succès inégalé (et sa très forte médiatisation) après la sortie des albums Off The Wall, Thriller et Bad lui auraient permis de devenir, au début des années 80, une arme efficace pour combattre le racisme aux Etats-Unis. Au contraire, il a fait preuve d’une absence totale de sensibilité envers la population noire qui avait porté les débuts de sa carrière. Ce sont les Noirs de l’Apollo Theater, à Harlem, qui l’ont révélé au public influent de New York dès l’âge de 9 ans. Ce sont les Noirs, fidèles parmi les fidèles du label Motown et de l’émission télévisée Soul Train, qui ont été à l’origine du tipping point des premiers succès grand public des Jackson Five. Enfin, c’est le génie de son impresario (noir) Berry Gordy et, plus tard, celui de son producteur (noir) Quincy Jones qui l’ont aidé à atteindre l’ultime statut de superstar.

Susan Blond, une fidèle disciple d’Andy Warhol qui était l’attachée de presse de Michael Jackson dans les grandes années Billie Jean et qui est devenue, vingt ans plus tard, l’attachée de presse de l’une de mes entreprises, m’a raconté un jour que la seule chose qui intéressait Jackson dans les années 80 était la célébrité. Cette obsession lui a fait oublier son identité. Certes, Michael Jackson superstar appartenait au monde entier. Mais il appartenait d’abord à la communauté noire qui avait besoin, à ce moment-là, d’une icône noire et transculturelle qui aurait permis de valoriser le talent, la créativité et la beauté physique des Noirs.

Un consensus semble s’établir aujourd’hui sur le fait que la formation de la personnalité est autant du ressort de la trajectoire individuelle, du milieu culturel, de l’environnement que de l’héritage génétique. Les catégories d’inné et d’acquis, de nature et de culture, doivent être revisitées. Michael Jackson s’en est tenu à une conception archaïque de ces catégories. Au nom de la culture blanche, il a nié sa nature noire. Jusqu’au bout, et souvent pour le pire, Michael Jackson aura déconstruit son identité d’homme noir. Il n’aura rendu service ni aux Noirs, ni aux Blancs.

Auteur de : Transculturalismes. Essais, récits, entretiens, Grasset, 2008.

   
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Commentaires
N
très intéressant!
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